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LES DEUX FRATERNITÉS

— Non, dit-elle gravement. Je sais maintenant le prix d’une âme élevée, d’une réelle valeur morale, et cette âme est la tienne ; cette valeur, tu la possèdes. Si tu veux permettre à ma chère maman, à moi-même, si ignorante que je sois encore, de te parler des beautés immenses, des trésors renfermés dans notre sainte religion, je crois que nous serons heureux tous deux, car notre affection, s’élevant au-dessus de la terre, ira prendre sa source en Dieu qui ne passe point.

— Tu m’apprendras ce que tu voudras, je serai trop récompensé si ta religion me donne la résignation et la force morale. Et si tu me vois encore dur et mauvais comme jadis, ne crains pas de me le dire, rappelle-moi la promesse que je te fais aujourd’hui, à l’instant de nos fiançailles : « Claudine, je veux te rendre heureuse, je ne veux pas te faire jamais pleurer volontairement. »

Des larmes remplissaient les yeux de Suzanne, larmes d’émotion et de douceur.

— Merci ! Oh ! je savais bien que tu étais bon ! Mais j’ai quelque chose à te demander.

— Dis vite ! Je serai trop heureux de contenter tous tes désirs.

— Maman, voulez-vous lui expliquer ? demanda Suzanne en se tournant vers sa mère.

— Voici de quoi il s’agit, mon cher Alexis. Comme nous sommes pauvres, et vous très riche, on va naturellement raconter, dans le monde, que ma Suzanne agit simplement par cupidité.