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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/250

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LES DEUX FRATERNITÉS

— Oserait-on, vraiment ?

— On le dira, mon enfant, et qui sait si vous-même, parfois…

— Oh ! non, non ! s’écria-t-il avec chaleur, en saisissant la main de Suzanne. Je sais que son âme est trop belle, trop loyale pour agir sous une si basse impulsion ! Non, ma petite Claudine, tu n’as rien à craindre de ma part !

— Nous le croyons, dit Micheline avec une gravité émue. Mais tous ne jugeront pas ainsi. Et puis, je dois vous dire qu’une partie de cette fortune — celle qui vous revient de votre tante — ne nous paraît pas, à nous autres catholiques, légitimement acquise. Le second mariage de Zélie, qui lui en a apporté la plus grosse partie, n’existe pas, en effet, à nos yeux. Et c’est un sacrifice que nous venons vous demander. Suzanne voudrait que vous ne conserviez de votre fortune que le nécessaire pour vivre simplement et subvenir aux soins qui vous sont nécessaires. Le reste serait employé en œuvres charitables, en subventions aux grandes causes patriotiques et religieuses.

Alexis enveloppa d’un regard ému la mère et la fille.

— Vous appelez cela un sacrifice ? Le luxe, les jouissances dont j’ai été entouré m’ont-iis donné le bonheur ? Mon âme se débattait dans la nuit sans espérance, mon cœur était broyé par la jalousie. Maintenant, je vois luire un espoir au-delà de la tombe, maintenant, je sais que ma Claudine a confiance en mon affection et ne