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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/253

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LES DEUX FRATERNITÉS

assumeraient la plus grande partie du service, tandis que Louis et Lucien continueraient leur métier, l’un de serrurier, l’autre d’ébéniste, pour s’établir plus tard à l’aide des économies réalisées par leur mère au prix de maints sacrifices.

Tous les Mollens étaient là, sauf Henry. Marié depuis un mois, il venait d’être envoyé dans une petite garnison du centre, fort peu recherchée. Que peut, en effet, espérer un gouvernement d’un officier noté de cette façon : « Clérical militant, intelligence supérieure, très dangereux par l’influence exercée sur le soldat qu’il feint de traiter avec bonté et intérêt. À expédier immédiatement dans une garnison « choisie ».

Mais, à peine établi depuis une quinzaine de jours dans son « trou », le lieutenant écrivait déjà à son père : « J’ai pu apprécier dès maintenant, et une fois de plus, cher père, la vérité de cette parole qui a été la règle de votre vie : « Il y a du bien à faire partout : le terrain le plus ingrat est susceptible de s’améliorer… » Entre mes devoirs d’époux et ceux d’officier, je puis, aidé de mes principes chrétiens, mener ici une vie utile et heureuse. Les sectaires nous mettent des entraves, à nous de les briser par notre hauteur d’âme et notre invariable attachement aux causes sacrées de la religion et de la patrie. »

Mlle Césarine était venue aussi assister au mariage de cette petite Suzanne qu’elle avait autrefois si souvent bercée. Elle était bien vieille, bien cassée, l’excellente demoiselle, mais