Aller au contenu

Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
252
LES DEUX FRATERNITÉS

son cœur était meilleur que jamais, et son pauvre logement abritait toujours des protégés.

Après la cérémonie, tandis que les quelques invités, parmi lesquels se trouvait Mme de Revals, entouraient Micheline, charmante dans la robe de soie noire offerte par Alexis, Suzanne vint s’asseoir près de son mari. Il lui prit la main et l’enveloppa d’un regard de tendresse émue où passait un peu d’inquiétude.

— Tu ne regretteras rien, dis, ma Suzanne ? murmura-t-il.

— Oh ! ne crains rien, mon cher Alexis ! J’ai trop bien apprécié ton cœur, maintenant !

Et, penchant la tête vers lui, elle lui offrit son front sur lequel il posa doucement ses lèvres.

— Merci, Suzanne, ma chère femme. Nous serons donc unis… unis comme je l’avais rêvé. Te rappelles-tu, lorsque je te disais que je voulais te voir penser comme moi, trouver en toi les mêmes goûts les mêmes opinions ? Eh bien ! ce rêve se réalisera, car me voilà chrétien aussi, et c’est dans la religion, je le sens, que se trouve la véritable union des cœurs, la véritable joie de l’esprit.

Il demeura quelques instants silencieux, son regard fixé sur le groupe formé par Micheline, M. et Mme de Mollens, Mlle Césarine.

— Suzanne, les voilà, les vrais socialistes, ceux qui pratiquent réellement la fraternité ! dit-il à voix basse. Les autres n’en sont que les