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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/27

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LES DEUX FRATERNITÉS

Micheline était une belle petite nature, intelligente et profondément dévouée. Chez elle, les plus nobles pensées étaient chose habituelle… Et ce sérieux, cette élévation de son âme se reflétaient sur son joli visage, donnaient à sa physionomie, à son allure cette réserve grave et fière qui imposait aux plus hardis complimenteurs.

Ce matin-là, Micheline descendit vers neuf heures, afin de faire ses petites provisions. Au retour, elle se heurta presque sous la voûte de la porte cochère à Cyprien Mariey, le jeune ouvrier électricien, cousin des Louviers, qui occupait une petite chambre au-dessus du logement de ceux-ci.

— Oh ! pardon, mademoiselle ! dit-il en soulevant sa casquette avec empressement. Je m’en allais un peu vite, rapport à l’heure… Comment va Mme Laurent ?

Un contentement ému brillait dans son regard loyal… Et, au teint un peu pâle de Micheline, une flambée rose était montée soudain.

— Ni mieux ni plus mal, monsieur Mariey, je vous remercie.

— Allons, tant mieux ! Je me sauve vite, car…

Il s’interrompit et s’exclama :

— Tiens ! vous voilà en toilette aujourd’hui !… et à cette heure !

Ces paroles s’adressaient à Prosper Louviers et à sa sœur qui apparaissaient sous la voûte, sortant de la cour. Le jeune homme avait un