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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/28

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LES DEUX FRATERNITÉS

complet foncé et un chapeau mou légèrement défraîchi ; Zélie arborait sa toilette des dimanches, une robe de petit lainage d’un bleu doux enjolivé de ces coquettes garnitures dont sait si bien se parer l’ouvrière parisienne.

Le frère et la sœur avaient eu dans le regard la même lueur de contrariété à la vue de Cyprien et de Micheline.

— Oui, nous allons voir quelqu’un… le cousin Robin, qui est de passage à Paris et qui nous a écrit pour que nous allions lui dire bonjour, répondit Zélie avec calme.

— Et toi, tu t’en vas bien tard au travail, aujourd’hui ? dit Prosper, dont le regard un peu irrité avait glissé de son cousin à Micheline, qui s’éloignait après avoir répondu au bonjour du frère et de la sœur.

— J’ai été malade cette nuit et je me suis un peu reposé ce matin. Comme je n’ai pas l’habitude de manquer pour la frime, le contremaître ne dira rien, et…

Quelqu’un entrait sous la voûte. Cyprien se découvrit avec un empressement respectueux, et Prosper souleva machinalement son chapeau, tout en enveloppant d’un coup d’œil surpris la jeune femme brune et svelte qui passait auprès d’eux, charmante et aristocratique dans son très simple costume tailleur, un modeste chapeau foncé ombrageant son délicat visage doux et grave.

— Qui est-ce, Cyprien ? demanda Zélie, dont le regard soudain durci suivait l’étrangère qui