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LES DEUX FRATERNITÉS

— Des frères ! rectifia Zélie, toujours narquoise.

— Ah ! tu m’ennuies, dit-il avec colère. Ça fait bien en paroles… mais autrement, ce que je m’en moque !

— Et moi donc !… Allons, ne te fâche pas et combinons quelque chose pour leur faire passer notre héritage sous le nez.

— Il n’y a qu’un moyen, ma petite : c’est de filer en douceur de la bicoque pour n’y plus revenir.

— Je suis de ton avis… Mais pour aller où ?

— Ah ! voilà !… Rester à Paris, ce serait risquer de rencontrer un copain et ça ferait des histoires… d’autant que… Écoute, Zélie, j’ai toujours envié les types qui faisaient de la politique. C’est un chic métier qui m’irait tout à fait. Loriot, le collectiviste… tu sais, le gros qui fait des conférences, il m’a dit, un jour que j’avais prononcé un petit bout de discours : « Tiens, tiens, citoyen, tu as du bagou ; toi, tu saurais remuer ton monde !… » Et c’est vrai, Zélie, je sens que je suis fait pour ça. Mais il faudrait nous établir ailleurs, nous laisser oublier ici, faire peau neuve dans une grande ville quelconque.

Zélie fit la grimace.

— Quitter Paris… au moment où je pourrais m’y donner tant de plaisir !

— Nous y reviendrons bientôt, ne crains rien. Pour moi aussi, il n’y a que Paris. Mais, je te répète, il faut se faire oublier. Tous ces imbéci-