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LES DEUX FRATERNITÉS

— Mais oui, c’est de lui ! dit Cyprien avec stupeur.

Il lut d’abord tout bas, puis reprit à haute voix :


Mon cher Cyprien,

Nous avons trouvé, Zélie et moi, une position très avantageuse. Comme on nous emploie aussitôt, nous ne pouvons revenir pour chercher nos meubles. Fais-en ce que tu voudras, nous n’en avons plus besoin, nous trouvant logés chez le patron. Je t’envoie de quoi payer notre terme en retard et les quelques petites dettes que nous avons dans le quartier. S’il y a du surplus, emploie-le comme tu voudras. Le patron nous paye très bien et nous a même avancé de l’argent.

Je te serre bien cordialement la main.

Prosper Louviers


Un silence de stupeur régna quelques instants dans le petit groupe augmenté de voisins attirés par la lecture de Cyprien.

— Non !… ce qu’ils en ont une, de chance ! dit enfin le tonnelier en jetant un coup d’œil d’envie sur le billet bleu que tenaient toujours ses gros doigts noueux.

— Tout ça n’explique pas pourquoi ils n’ont rien dit, fit observer judicieusement Mlle Césarine.

— Vous avez raison, mademoiselle, dit Cyprien en froissant machinalement la lettre. Ça