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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/51

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LES DEUX FRATERNITÉS

C’étaient ces deux êtres que Zélie Louviers appelait « les monstres de Mlle Césarine »… Et dans ce pauvre petit logis se déroulait un sublime épisode de l’histoire de la charité héroïque.

Mlle Césarine avait perdu sa mère de fort bonne heure, et elle était restée seule avec son père, homme dur, irascible, qui avait fait à sa jeunesse la plus pénible existence. Pieuse et résignée, elle ne se plaignait pas et accomplissait courageusement son devoir. Quand la paralysie cloua son père sur un fauteuil, elle le soigna avec un incomparable dévouement, malgré les rebuffades, les fureurs, les blasphèmes de cet homme aigri et révolté. Elle réussit à le ramener à Dieu avant que la mort l’enlevât… Et, quand elle fut seule, Mlle Césarine se trouva toute triste de n’avoir plus à qui se dévouer.

Alors une pensée germa en elle… Dans un bouge voisin croupissaient, au milieu de la misère la plus abjecte, un homme du nom de Lorin et son fils, un adolescent. Les malheureux vivaient comme des bêtes, objets d’horreur pour tout le quartier. Les moins délicats détournaient la tête avec répulsion devant le hideux visage du père et la monstrueuse déformation du corps de l’enfant.

Mlle Césarine alla trouver ces malheureux, elle sut calmer la farouche défiance de leur âme aigrie et, un jour, elle les installa triomphalement dans la chambre devenue inutilisée depuis la mort de son père. Elle était désormais heu-