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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/57

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LES DEUX FRATERNITÉS

et si réellement chrétienne… Voyons, es-tu prête, ma chérie ? L’heure s’avance, tandis que nous bavardons.

— Voilà ! dit-elle en mettant le dernier bouton.

Elle se leva, puis, une pensée subite lui venant, elle tourna vers son mari ses beaux yeux noirs caressants et profonds.

— René, j’oubliais… j’ai une confession à te faire.

Et, posant sa main sur le bras du marquis, elle penchait un peu la tête d’un petit air contrit.

— Quelque chose de bien grave ? dit-il en riant doucement. Parlez, petite Mad.

— J’ai dépensé tout l’argent que tu m’as donné… Oh ! j’ai vu tant de misère ! Je n’ai pas pu résister, vois-tu !

Il se pencha et posa doucement ses lèvres sur les bandeaux ondulés qui encadraient le visage de la jeune femme.

— Si tu l’avais dépensé en toilettes, je te gronderais un peu, ma Madeleine chérie. Puisque c’est pour les pauvres, je te dis : recommence.

— Oh ! mon René, que tu es bon ! s’écria-t-elle d’un ton ravi. Je craignais un peu que tu ne me trouves trop prodigue… et pourtant je voulais te demander encore…

— Tout ce que j’ai est à toi, je te l’ai déjà dit. Et si un jour il arrive que nous ayons à faire des économies, ce n’est pas sur le budget de la charité que nous les réaliserons.