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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/62

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LES DEUX FRATERNITÉS

seulement de l’enfant et de sa tâche de ménagère.

— Je ne veux pas que tu te fatigues, ma petite Line, avait-il déclaré. Tu auras bien assez à faire comme cela, et je ne serais pas du tout content de te voir la pauvre mine de tant de nos voisines qui se tuent au travail, les malheureuses !

— Parce qu’elles n’ont pas un bon mari comme toi, le meilleur ouvrier de l’usine et le plus cher des protégés de ces messieurs du Cercle, répondait Micheline en l’embrassant.

Il n’y avait pas eu encore un nuage entre eux. Micheline, de caractère plus ferme que son mari, savait diriger celui-ci sans en avoir l’air, et, lui, n’avait rien de caché pour elle.

Comme la jeune femme se penchait vers la casserole où bouillait doucement d’appétissants haricots, la porte s’ouvrit brusquement. Cyprien entra, la casquette un peu en arrière, la physionomie agitée.

— Je viens d’en voir une drôle de chose là-dedans !

Et sa main droite agitait un journal.

Micheline se détourna, montrant son visage toujours charmant, en ce moment empourpré par la chaleur du fourneau.

— Quoi donc ?

— Figure-toi que je lisais tranquillement mon journal tout en revenant quand j’arrive au résultat de l’élection législative qui a eu lieu hier à M… pour remplacer un député mort récem-