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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/87

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LES DEUX FRATERNITÉS

fond des prunelles du député, tandis que dans les yeux de M. de Mollens on eût pu discerner un calme et hautain mépris.

— Que lui reprochez-vous à ma fraternité ? riposta Prosper d’un ton de défi.

— Tout simplement de consister en belles phrases et de ne jamais passer aux faits. Vous souvenez-vous, monsieur le député, du temps où vous étiez ouvrier chez Vrinot frères…

Un coup de sifflet retentit dans la salle, un cri de : « Hou ! hou ! À bas l’aristo ! » Et ce fut une tempête de clameurs et de sifflets obligeant M. de Mollens à s’interrompre.

— Ils vont vous empêcher de parler, monsieur le marquis, dit Cyprien avec colère.

— C’est probable, répondit M. de Mollens avec calme. Cela est une des tactiques de ces coquins.

C’était bien là, en effet, ce qu’avait imaginé Prosper pour éviter les accusations qu’il pressentait devoir lui être lancées. Il continua sa conférence, mais, lorsque le marquis voulut de nouveau l’interrompre, cris et sifflets recommencèrent de plus belle.

— Vous n’y arriverez pas, mon cher ami, dit M. Hablin. Ce sera comme cela jusqu’à la fin.

— Je continuerai quand même, car je le gêne visiblement. Sa parole est nerveuse, il n’a pas tous ses moyens, c’est certain ; il craint, malgré tout…

— T’as peur de la vérité, espèce de repu,