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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/95

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CHAPITRE VII


Cyprien montait lentement l’escalier de son logis. Son pas était plus lourd qu’à l’ordinaire, une grande préoccupation barrait son front d’un pli profond, et ses lèvres n’avaient pas aujourd’hui le gai sifflotement habituel.

Il sourit cependant à Micheline qui l’attendait au seuil du petit logement, le bébé sur les bras.

— Eh bien ? interrogea la jeune femme.

— Eh bien ! ça y est, ma pauvre Micheline ! C’est la grève, par conséquent la misère.

Une désolation profonde emplit les grands yeux bleus de Micheline. Silencieusement, elle rentra dans la chambre, posa le bébé dans un berceau, puis revint vers son mari qui s’était assis près de la table garnie d’un couvert soigné.

— Alors, tous sont pour la grève ?

— Non, il y en a quelques-uns qui n’en veulent pas. Aussi, demain, irons-nous comme d’habitude au travail.

Une expression d’effroi parut sur la physionomie de Micheline.