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tout ce qu’ils ont fait, la civilisation d’une nation issue de leurs efforts. Ils avaient en vue de prouver par des faits, après la victoire, que la liberté est mille fois plus féconde que la violence.

Cette tâche, dont l’idée les grandit encore plus et nous

montre en eux plus que des braves, ils l’ont léguée à ceux qui devaient avoir en main après eux le gouverne­ ment de la République d’Haïti.

L’unique mission de ces gouvernants était donc de s’appliquer à relever la prospérité de ce pays. Loin de là, l’agriculture, depuis ce temps, alla tou­ jours décroissant, et aujourd’hui Haïti ne produit plus, bon an, mal an, qu’environ 60 millions de livres d’un café mal soigné, mal récolté, inférieur en raison de cela à celui de toutes les autres provenances ; ce qui fait une valeur d’à peu près 50 millions de francs, à la place des 500 millions que donnait précédemment le pays.

Plus de sucre, plus d’indigo, presque plus de coton ni de cacao, plus rien enfin, il faut le dire, de ce qui fait en ce moment la richesse et le progrès des terres douées du climat des Antilles.

On sait bien que c’est sous le régime du travail forcé que les colons de Saint-Domingue avaient réalisé cette opulence incroyable chiffrée plus haut. On sait bien de même que ce ne pouvait être par la contrainte que l’ad­ ministration haïtienne aurait pu accomplir la tâche qui lui était imposée. Mais on sait bien aussi qu’elle pouvait la remplir par cps moyens libéraux et ces procédés si R