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C'est le progrès de la raison humaine qui, changeant graduellement les mœurs politiques des peuples, rendra un jour, il faut l’espérer, une même constitution, la moins autoritaire possible, applicable à toutes les nations.

On ne calque donc pas une chose de ce genre. On réfléchit, on se rend compte de la situation, du milieu où l'on est, et on fait cet acte aussi pratique et aussi praticable que le demande l'intérêt bien entendu du peuple pour lequel on légifère.

On peut dire que la constitution du peuple anglais n’est pas écrite, si l’on envisage le mécanisme général de son gouvernement parlementaire ; elle est plutôt dans les traditions du pays et dans ses mœurs que sur le papier.

Le devoir du législateur constituant, sous quelque latitude qu'il soit, est de donner aux citoyens les libertés nécessaires, suivant le mot si juste de M. Thiers, et d’établir ensuite, sur cette base, un mode de gouvernement qui réponde à l’état de l'esprit public, un gouvernement praticable. Personne au monde n'est plus fort que la force des choses, que la nature.

La constitution faite pour Haïti en 1843 contenait cependant des innovations excellentes, dont plusieurs, entre autres celles relatives au régime municipal, pouvaient produire d'heureux effets et pouvaient être immédiatement pratiquées. Mais les déclarations de principes ne suffisent pas : il faut l'application. On s'était ingénié à établir le mode le plus libéral possible de diriger la