Page:Delrieu - Artaxerce, Giguet et Michaud, 1808.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On soupçonne mon zèle !… ah ! vous me jugez mieux ;
Mon père ne croit point à ce bruit odieux !
Je respecte mon roi jusque dans sa faiblesse ;
En lui j’excuse même un soupçon qui me blesse ;
Mais lorsque tout conspire à me sacrifier,
Je ne m’abaisse point à me justifier.
Pour imposer silence à la haine, à l’envie,
Je pourrais retracer l’histoire de ma vie ;
Arbace injustement accusé par son roi,
Se tait, plaint son erreur et lui garde sa foi…
De ses sujets ingrats, Xercès me croit complice !
Je suis sûr que son fils me rend plus de justice.
Il m’estime ; il le doit : et son cœur irrité
Me venge d’un accueil qui n’est point mérité.
Si d’un coupable espoir mon ame était séduite,
Aurais-je, au gré du roi, congédié ma suite ?
Aurais-je réprimé l’ardeur de mes guerriers,
Qui voyant de mes mains arracher mes lauriers,
Et ne pouvant souffrir l’affront que je pardonne,
Parlaient de m’élever sur les débris du trône ?

ARTABAN.

Du trône ? un tel honneur est par toi refusé !