Page:Delrieu - Artaxerce, Giguet et Michaud, 1808.djvu/75

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Si tu fuis avec moi, je t’élève à l’empire !

(Arbace va pour l’interrompre.)

Écoute, malheureux ! et ne m’interromps pas !…
Attendrons-nous ici ta mort ou mon trépas ?
Ton camp est sous nos murs ; laisse-moi t’y conduire.
Inquiets sur ton sort, dont j’ai su les instruire,
Aigris contre Artaxerce et pleins d’ardeur pour toi,
Tes guerriers aussitôt vont te proclamer roi.
Jusque dans ce palais la garde conjurée,
À la voix d’Artaban pour toi s’est déclarée.
Viens : tu n’as qu’à paraître et mes vœux sont remplis.
Mon triomphe est certain ; l’empire est à mon fils !

(Arbace va de nouveau pour l’interrompre.)

M’oses-tu résister dans ce péril extrême ?
Crains-tu de voir ton front paré du diadême ?
Lorsque l’Asie entière applaudit à mon choix,
Refuses-tu l’honneur de lui dicter des lois ?…
Arbace ! sois l’appui d’un peuple qui t’adore.
Entends, entends les vœux d’un père qui t’implore.
Si tu deviens mon roi, je suis justifié.
Si tu restes sujet, je suis sacrifié.
Oui : c’est moi qui mourrai pour expier mon crime.
Choisis : je vois mon prince ou tu vois ta victime !