Page:Delrieu - Artaxerce, Giguet et Michaud, 1808.djvu/76

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ARBACE.

En ce jour de malheur, votre fils frémissant
Doit sauver le coupable et mourir innocent ;
Mais n’attendez jamais que mon ame avilie
Abandonne l’honneur pour conserver la vie…
J’ai dû, loin de ces lieux, emporter sans effroi
Le glaive accusateur du meurtre de mon roi ;
J’ai dû, de ce forfait complice involontaire,
Indigné du soupçon, le souffrir et me taire ;
J’ai dû, voyant le fer arraché de ma main,
Prendre sur moi le crime et cacher l’assassin ;
Et quand, par le silence auquel je me condamne,
Oubliant à la fois et ma gloire et Mandane,
Je perds tout et je meurs déshonoré par vous,
Vous voulez qu’Artaxerce expire sous mes coups ?…
Moi, perdre mon ami ! moi, par de nouveaux crimes,
Vous voir accumuler victimes sur victimes !
Non !… s’il faut que le peuple, en mon nom révolté,
Soit aujourd’hui par vous au carnage excité,
S’il faut armer ma main contre un prince que j’aime,
S’il faut de ses états le dépouiller moi-même,
En vain vous vous flattez d’un si coupable espoir ;