Page:Delrieu - Artaxerce, Giguet et Michaud, 1808.djvu/92

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Je pleure sur mon père, et je hais comme toi
Le sacrilège auteur du meurtre de mon roi.
Prouve que c’est Arbace, et je vais la première,
N’écoutant contre lui que la voix de mon père,
À l’instant ici même, au milieu de ta cour,
Maudire sa fureur, abjurer mon amour ;
Je vais, du tribunal invoquant la justice,
Aux arbitres des lois demander son supplice ;
Je vais en ennemie attachée à ses pas
Mettre ma seule gloire à presser son trépas…
Mais si tu n’obtiens point la preuve de son crime ;
Si, taisant le coupable, il veut être victime ;
Si, pour toucher ton cœur, je fais de vains efforts ;
S’il périt innocent… quels seront tes remords !

ARTAXERCE, irrésolu.

Sans le justifier, tu demandes sa grâce !
T’a-t-il dit jusqu’où va l’excès de son audace ?
S’il arme Nicanor, s’il conspire avec lui,
S’il est des conjurés et le chef et l’appui,
Égaré par l’amour, s’il immola ton père,
Ivre d’ambition, il peut perdre ton frère !