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Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/11

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La reine en son palais, éperdue, éplorée,
De ses gardes en deuil m’attendait entourée.
Je parais : sur son front une morne pâleur
D’une épouse innocente attestait la douleur.
Je me jette à ses pieds devant Héliodore.
Elle me tend la main. Je crois la voir encore
Au trône, avec bonté, près d’elle me placer ;
Me parer du bandeau, dans ses bras me presser ;
En frémissant pour moi dissiper mes alarmes ;
Me baigner de ses pleurs en essuyant mes larmes !…
Connaissez donc la reine avant de la juger.
« Votre père n’est plus ; vivez pour le venger,
» Me dit-elle. Vivez pour punir un impie,
» Qui d’un roi que j’aimais vient de trancher la vie.
» Déguisant sa fureur, et dans l’ombre caché,
» Ce traître à notre perte est sans cesse attaché.
» Prévenons-le ! »

STRATONICE.

» Prévenons-le ! Quel est ce traître ?

ANTIOCHUS.

» Prévenons-le ! Quel est ce traître ? Votre père.

STRATONICE.

Nicanor ?

ANTIOCHUS.

Nicanor ? Pour régner, il immola son frère.

STRATONICE.

Et vous avez pu croire à cet excès d’horreur ?
Vous !… fils de Séleucus, abjurez votre erreur.
Quand de ce noir complot il dut être victime,
Mon père est par vous-même accusé d’un tel crime !
Nicanor immoler et son frère et son roi !
Vingt ans, dans les combats, il lui prouva sa foi.
Affreuse calomnie ! exécrable mystère !