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Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/26

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Laodice ! tu plains ce prince infortuné !
Tu le pleures ! C’est toi qui l’as empoisonné !…
Où suis-je ?… Ciel vengeur ! aux yeux d’Héliodore,
Après m’avoir sauvé, tu me caches encore ?
À travers mille morts, jusque dans mes états,
Toi seul, des bords du Tibre, as dirigé mes pas ;
Pour m’affranchir enfin du joug de l’esclavage,
Toi seul a trompé Rome ; achève ton ouvrage !
À la reine abusée offre en moi Pharasmin,
Et mets, pour la frapper ta foudre dans ma main !…
Proscrit depuis quinze ans, je revois ma patrie !
Je sens naître la joie en mon âme attendrie.
Mais, hélas ! je regarde ; et mon œil étonné
À peine reconnaît ces lieux où je suis né.
Après tant de malheurs, je n’osais plus prétendre
À voir ces murs sacrés que du grand Alexandre
L’ami, le compagnon a bâtis de ses mains,
Et que respecte encor l’audace des Romains.
Dieux ! jusqu’à l’artifice il faut que je descende !
La vengeance le veut, et l’amour le commande.
Que dis-je ? Près de toi quand je suis parvenu,
Stratonice, tu meurs, si je suis reconnu !…

(Contemplant la statue.)

Mes pleurs, au seul aspect de l’image d’un père,
Ont failli de mon nom révéler le mystère.
De tes mânes plaintifs, ô mon père ! ô mon roi !
J’entends les cris vengeurs s’élever jusqu’à moi.
Ta couronne est au front de ton épouse impie ;
Ton sceptre est dans la main qui t’arracha la vie ;
De ses indignes fers ton fils est dégagé ;
Démétrius respire, et tu seras vengé !…
Cependant je verrais, à l’autel enchaînée,
Ma femme à mon rival unir sa destinée !
Séleucus !…