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Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/41

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Voilà ce que j’ai fait. Pouvais-je soupçonner
Qu’un rebelle, un ingrat voulût me détrôner,
Le jour où ma tendresse, à ses désirs propice,
Daignant briser pour lui les fers de Stratonice,
Annonce que je veux, écoutant mon devoir,
En faveur de mon fils abdiquer son pouvoir ?

ANTIOCHUS.

J’ai peine à revenir de ma surprise extrême.
Qui, vous, reine ! abdiquer pour moi le rang suprême ?
De votre autorité je ne suis point jaloux :
Je dois borner ma gloire à combattre pour vous.

LAODICE.

Vous ne me dites point qu’une foule égarée,
À la rébellion sourdement préparée,
S’avance vers ces murs, et, marchant contre moi,
Jusque dans mon palais vient proclamer un roi.
Votre frère n’est plus : c’est vous seul que j’accuse.
Oui, vous seul !… Pensez-vous qu’un faux zèle m’abuse ?
Traître ! de mes bontés perdant le souvenir,
Vous briguez mon pouvoir ; je devrais vous punir.
Pour vous sauver un crime, acceptez ma couronne.
Sujet, vous l’usurpiez ; reine, je vous la donne.

ANTIOCHUS.

Instruit que contre vous le peuple osait s’armer,
Madame, j’accourais pour vous en informer.
J’ai rempli mon devoir. Aurais-je dû m’attendre
À vous voir m’accuser, quand je viens vous défendre ?

(Laodice cesse de le regarder.)

Vous détournez les yeux… ah ! ne repoussez pas
Un fidèle sujet qui vous offre son bras !
Oui : je sais que le peuple, aveugle en son délire,
Quand mon frère n’est plus, veut lui rendre l’empire.