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Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/53

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Je puis, sans m’avilir, descendre à l’artifice.
Seul, tranquille, en ces lieux j’abuse Laodice :
À Rome Pharasmin me devait égorger ;
Mort, il me prête ici son nom pour me venger !
Je suis, à tes regards, l’appui de ton empire ;
Je parais te servir, et c’est moi qui conspire,
Reine ; c’est moi qui seul ai pris soin d’exciter
Le peuple en ma faveur prêt à se révolter !
Moi seul, autour de toi j’ai grossi la tempête
Qui gronde et va bientôt éclater sur ta tête !

NICANOR.

Lorsqu’un dieu protecteur veille ici sur vos jours,
Souffrez que j’aille au camp, vous prêtant mon secours,
Et de nos ennemis trompant la vigilance,
Des soldats abattus ranimer la vaillance.

DÉMÉTRIUS.

J’ai chargé de ce soin l’intrépide Anténor.

NICANOR.

L’ami de votre père ici respire encor ?

DÉMÉTRIUS.

Oui : ce noble guerrier, compagnon de Tygrane,
Banni par Laodice, habitait Ectabane.
Accablé de misère, il pleurait mon trépas ;
Guidé par la vengeance, il a suivi mes pas.
Instruit de mes projets, à mes ordres docile,
Il entre seul au camp ; seul j’entre dans la ville !…
Je vois le peuple en deuil ; oubliant mon danger,
Sur ta fille, sur toi, je l’ose interroger.
J’apprends que par la reine à son fils destinée,
Ta fille doit choisir la mort ou l’hyménée ;
J’apprends que dans les fers tu dois finir tes jours ;