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Page:Delrieu - Démétrius, Ladvocat, 1820.djvu/70

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LAODICE.

C’est peu de le haïr ; vous l’accusez encore !

ANTIOCHUS.

Oui, reine ! je le dois. Par son ambition,
Il excite l’Asie à la rébellion.
Vous l’avez ordonné ; sans détour je m’explique.
Oui, c’est lui que poursuit la vengeance publique.
Par sa fausse vertu trop long-temps abusé,
J’ignorais les horreurs dont il est accusé.
On dit qu’il a dans Rome assassiné mon frère ;
Qu’il a dans ce palais empoisonné mon père ;
On dit même que, fier d’oublier vos bienfaits,
D’un voile révéré couvrant tous ses forfaits,
Voulant, par son audace, échapper au supplice,
Pour se justifier, il vous fait sa complice !
Avec lui dans sa chute il veut vous entraîner !

LAODICE.

Moi !

ANTIOCHUS.

Moi ! S’il est seul coupable, osez l’abandonner.

(Avec fermeté.)

À l’intérêt du trône, aux droits de la justice,
D’un ministre abhorré faites le sacrifice !
Le salut de l’empire à ce prix est certain,
Madame !… Mais gardez le sceptre en votre main.
N’enchaînez plus l’Asie au char d’Héliodore.
Ôtez-lui le pouvoir, et soyez reine encore.
L’Orient, satisfait d’obéir à vos lois,
Unira votre nom aux noms des plus grands rois.
Imitez leur exemple. Antiochus n’aspire
Qu’à voir l’Asie aimer et bénir votre empire.
Régnez par la justice ; à jamais votre fils.
De vos heureux sujets sera le plus soumis.