Page:Deltuf - Idylles antiques, élégies, 1851.djvu/74

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Un érable a fourni la base et le support ;
Une guirlande enfin voltige sur le bord,
Et l’on y voit s’unir la modeste bruyère
Aux replis ondoyants d’une tige de lierre.

Qu’en dis-tu ? ce présent est-il digne de toi ?
Le fût-il cent fois plus, tu l’obtiendrais de moi ;
Le fût-il moins cent fois, dût même la victoire
Ne te rapporter rien, hormis un peu de gloire,
Dût Chromis l’emporter, ce serait faire bien
Que de chanter quand même, et de chanter pour rien.
La muse à ses amants est d’un si doux commerce !
Complaisante et fidèle à leur fortune adverse,
Elle enchante leurs maux : bien souvent les revers,
Rarement le bonheur, enfantent les beaux vers.
L’amant n’a de repos qu’à chanter sa maîtresse ;
Le pauvre, en la chantant, enrichit sa détresse ;
Par ses chants le poëte est souvent consolé :
Chante, triste captif, chante, noble exilé,
Et retrouvez tous deux dans une mélodie
Ta liberté, captif ; exilé, ta patrie !


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