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GÉRARD DE NERVAL

elle s’écriait : « Malheur, et pour toujours malheur sur la femme qui appuiera ses lèvres sur celles que je viens de frapper de cette malédiction !… » Elle prophétisait, la pauvre chère victime ; elle parlait au nom de ces pâles ombres qui, jusque dans les profondeurs de l’éternité, feront cortège à ce lumineux génie : Gretchen, Annette, Émilie, Frédérique, Charlotte, Lili, et d’autres encore, dont le souvenir ne troubla jamais sa vie, car il ne connut jamais le remords, — une faiblesse !

Cependant il arrive quelquefois qu’au lieu de se repentir de sa curiosité, on s’en applaudisse, qu’on gagne au lieu de perdre à connaître tel grand artiste ou tel grand poëte dans le déshabillé de son existence, qui le complète au lieu de l’amoindrir. eux-là sont rares parmi les rares, — essences précieuses dans des flacons de pur cristal, subtiles et transparentes !

Gérard de Nerval fut un de ces rares. Tout le monde l’a lu et tout le monde l’a