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GÉRARD DE NERVAL

connu : j’ai cherché vainement contre lui, dans le fumier des médisances contemporaines, une seule anecdote qui le déshonorât comme homme en le rapetissant comme écrivain. Jamais, il est vrai, Gérard n’avait su haïr rien ni personne — pas même la sottise, si exaspérante pourtant. Son ironie — quand il en eut — fut toujours douce et pour ainsi dire bienveillante : s’il eût cassé les vitres, il eût voulu qu’on fût tenté de les lui payer, comme Joubert, un écrivain de sa famille. Cela m’a rendu sa mémoire plus chère, et c’est en frère attendri — frère beaucoup plus jeune et beaucoup plus obscur — que j’écris, au hasard de mes souvenirs et de mes impressions de lecture, ces pages rapides qui parlent de lui, de ses œuvres et de sa vie, de son cœur et de son cerveau, de son talent et de son caractère. Cette biographie est un hommage pieux.