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GÉRARD DE NERVAL

sance[1]. Un jour, un cheval s’échappa d’une pelouse verte qui bordait l’Aisne, et disparut bientôt entre les halliers ; il gagna la région sombre des arbres et se perdit dans la forêt de Compiègne. Cela se passait vers 1770.

« Ce n’est pas un accident rare qu’un cheval échappé à travers une forêt. Et cependant je n’ai pas d’autre titre à l’existence. Cela est probable du moins, si l’on en croit ce que Hoffman appelait l’enchaînement des choses.

« Mon grand-père était jeune alors. Il avait pris le cheval dans l’écurie de son père, puis il s’était assis sur le bord de la rivière, rêvant à je ne sais quoi, pendant que le soleil se couchait dans les nuages empourprés du Valois et du Beauvoisis.

« L’eau verdissait et chatoyait de reflets sombres, des bandes violettes striaient les

  1. Gérard Labrunie, dit de Nerval, est né à Paris le 21 mai 1808.