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GÉRARD DE NERVAL

rougeurs du couchant. Mon grand-père, en se retournant pour partir, ne trouva plus le cheval qui l’avait amené. En vain il le chercha, l’appela jusqu’à la nuit. Il lui fallut revenir à la ferme.

« Il était d’un naturel silencieux ; il évita les rencontres, monta à sa chambre et s’endormit, comptant sur la Providence et sur l’instinct de l’animal, qui pouvait bien lui faire retrouver la maison.

« C’est ce qui n’arriva pas. Le lendemain matin, mon grand-père descendit de sa chambre et rencontra dans la cour son père, qui se promenait à grands pas. Il s’était aperçu déjà qu’il manquait un cheval à l’écurie. Silencieux comme son fils, il n’avait pas demandé quel était le coupable : il le reconnut en le voyant devant lui.

« Je ne sais ce qui se passa. Un reproche trop vif fut cause sans doute de la résolution que prit mon grand-père. Il monta à sa chambre, fit un paquet de quelques habits, et, à travers la forêt de Compiègne, il