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GÉRARD DE NERVAL

derme tout le sang de mon cœur. On crut me consoler en me donnant pour compagnon un jeune sapajou rapporté d’Amérique par un capitaine, ami de mon père. Cette jolie bête devint la compagne de mes jeux et de mes travaux.

« J’étudiais à la fois l’italien, le grec et le latin, l’allemand, l’arabe et le persan. Le Pastor fido, Faust, Ovide et Anacréon, étaient mes poèmes et mes poëtes favoris. Mon écriture, cultivée avec soin, rivalisait parfois de grâce et de correction avec les manuscrits les plus célèbres de l’Iram. Il fallait encore que le trait de l’amour perçât mon cœur d’une de ses flèches les plus brûlantes ! Celle-ci partit de l’arc délié du sourcil noir d’une vierge à l’œil d’ébène, qui s’appelait Héloïse. — J’y reviendrai plus tard.

« J’étais toujours entouré de jeunes filles ; — l’une d’elles était ma tante ; deux femmes de la maison, Jeannette et Fanchette, me comblaient aussi de leurs soins.