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GÉRARD DE NERVAL

Mon sourire enfantin rappelait celui de ma mère, et mes cheveux blonds mollement ondulés, couvraient avec caprice la grandeur précoce de mon front. Je devins épris de Fanchette, et je conçus l’idée singulière de la prendre pour épouse selon les rites des aïeux. Je célébrai moi-même le mariage, en figurant la cérémonie au moyen d’une vieille robe de ma grand’mère que j’avais jetée sur mes épaules. Un ruban pailleté d’argent ceignait mon front, et j’avais relevé la pâleur ordinaire de mes joues d’une couche de fard. Je pris à témoin le Dieu de nos pères et la Vierge sainte, dont je possédais une image, et chacun se prêta avec complaisance à ce jeu naïf d’un enfant.

« Cependant j’avais grandi ; un sang vermeil colorait mes joues ; j’aimais à respirer l’air des forêts profondes ; les ombrages d’Ermenonville, les solitudes de Morfontaine, n’avaient plus de secrets pour moi. Deux de mes cousines habitaient par là.