tenait une balance si exacte entre nous deux, que nous soupirions sans espoir…
« La pension que j’habitais avait un voisinage de jeunes brodeuses. L’une d’elles, qu’on appelait la Créole, fut l’objet de mes premiers vers d’amour ; son œil sévère, la sereine placidité de son profil grec, me réconciliaient avec la froide dignité des études ; c’est pour elle que je composai des traductions versifiées de l’ode d’Horace À Tyndaris, et d’une mélodie de Byron, dont je traduisais ainsi le refrain :
Dis-moi, jeune fille d’Athènes,
Pourquoi m’as-tu ravi mon cœur ?
« Quelquefois je me levais dès le point
du jour et je prenais la route de ***, courant
et déclamant mes vers un milieu d’une pluie
battante. La cruelle se riait de mes amours
errantes et de mes soupirs ! C’est pour elle
que je composai la pièce suivante, imitée
d’une mélodie de Thomas Moore :
Quand le plaisir brille en tes yeux
Pleins de douceur et d’espérance ;