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GÉRARD DE NERVAL

      Quand le charme de l’existence
      Embellit tes trails gracieux, —
      Bien souvent alors je soupire
      En songeant que l’amer chagrin,
Aujourd’hui loin de toi, peut t’atteindre demain,
Et de la bouche aimable effacer le sourire ;
Car le Temps, tu le sais, entraîne sur ses pas
      Les illusions dissipées.
Et les feux refroidis, et les amis ingrats,
      Et les espérances trompées

Mais crois-moi, mon amour ! tous ces charmes naissants
      Que je contemple avec ivresse,
S’ils s’évanouissaient sous mes bras caressants,
      Tu conserverais ma tendresse ! —
      Si tes attraits étaient flétris,
      Si tu perdais ton doux sourire,
      La grâce de tes traits chéris
      Et tout ce qu’en toi l’on admire,
      Va, mon cœur n’est pas incertain :
De sa sincérité tu pourrais tout attendre,
Et mon amour, vainqueur du Temps et du Destin,
S’enlacerait à toi, plus ardent et plus tendre !

Oui, si tous tes attraits le quittaient aujourd’hui,
J’en gémirais pour loi ; mais en ce eccur fidèle
Je trouverais peut-êre une douceur nouvelle,
Et, lorsque loin de loi les amants auraient fui.
Chassant la jalousie en tourments si féconde,