Quand le charme de l’existence
Embellit tes trails gracieux, —
Bien souvent alors je soupire
En songeant que l’amer chagrin,
Aujourd’hui loin de toi, peut t’atteindre demain,
Et de la bouche aimable effacer le sourire ;
Car le Temps, tu le sais, entraîne sur ses pas
Les illusions dissipées.
Et les feux refroidis, et les amis ingrats,
Et les espérances trompées
Mais crois-moi, mon amour ! tous ces charmes naissants
Que je contemple avec ivresse,
S’ils s’évanouissaient sous mes bras caressants,
Tu conserverais ma tendresse ! —
Si tes attraits étaient flétris,
Si tu perdais ton doux sourire,
La grâce de tes traits chéris
Et tout ce qu’en toi l’on admire,
Va, mon cœur n’est pas incertain :
De sa sincérité tu pourrais tout attendre,
Et mon amour, vainqueur du Temps et du Destin,
S’enlacerait à toi, plus ardent et plus tendre !
Oui, si tous tes attraits le quittaient aujourd’hui,
J’en gémirais pour loi ; mais en ce eccur fidèle
Je trouverais peut-êre une douceur nouvelle,
Et, lorsque loin de loi les amants auraient fui.
Chassant la jalousie en tourments si féconde,
Page:Delvau - Gérard de Nerval, 1865.djvu/33
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
GÉRARD DE NERVAL