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GÉRARD DE NERVAL

des enchantées, où il eût rêvé à son aise durant toute une longue existence, en compagnie de Sylvie, une petite paysanne qui ne demandait pas mieux que de l’aimer ; jamais il n’eût écrit, étant heureux, — et nous y aurions perdu un remarquable écrivain. Mais les poêtes n’écouteront jamais la voix de la Sagesse — qui parle peut-être trop mal pour eux.

Gérard de Nerval vint donc à Paris où, après avoir fait ses études au collège de Charlemagne, il débuta dans la littérature par des Élégies nationales, — c’est-à-dire bonapartistes. Gérard était le fils d’un soldat de Napoléon : il payait à sa façon sa dette au « grand homme. »

Il avait dix-huit ans alors. Je n’accuse pas les Élégies d’être des chefs-d’œuvre ; mais elles valent certes quelque chose, et un peu plus, en tous cas, que la foule d’Odes, d’Élégies, de Poëmes qui surgissaient alors de tous côtés pour pleurer sur le sort de Missolonghi, que les Turs venaient de