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GÉRARD DE NERVAL

soit qu’ils parlent, soit qu’ils écrivent : ils ont pour toute leur vie des paroles lumineuses ou des phrases ailées qui ne ressemblent pas aux paroles des autres orateurs ni aux phrases des autres écrivains, plus virilement élevés. C’est la différence du brutal Ajax et du doux Troïlus, — l’un grandi dans les camps, au milieu des soudards,  — l’autre, grandi à la cour du vieux Priam, au milieu des belles suivantes de la belle Hélène.

Hélas ! Gérard, lui aussi, allait bientôt avoir sa Cressida et être « rationné à quelques baisers faméliques qui devaient avoir le goût des larmes ! »

Mais avant d’en arriver à cette page douloureuse de sa vie, il nous faut en raconter d’autres, aussi intéressantes, — quoique moins trisles. Pour cela, nous nous exilerons, s’il vous plaît, de la patrie d’adoption de Gérard, de ce Valois pittoresque où il nous ramènera tout à l’heure avec lui. Assurément, s’il n’eût écouté que la voix de la sagesse, il n’eût jamais quitté ces solitu-