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GÉRARD DE NERVAL

phrase, lue quelques heures auparavant, à la quatrième page d’un journal du Cercle où il passait quelquefois la soirée, cette simple phrase avait réveillé en lui une nichée de souvenirs printaniers, qui s’étaient mis à gazouiller comme une nichée de rossignols. « C’était un souvenir de la province depuis longtemps oubliée, un écho lointain des fêtes naïves de la jeunesse. Le cor et le tambour résonnaient au loin dans les hameaux et dans les bois ; les jeunes filles tressaient des guirlandes et assortissaient, en chantant, des bouquets ornés de rubans. Un lourd chariot, traîné par des bœufs, recevait ces présents sur son passage, et les enfants de ces contrées formaient le cortége avec leurs arcs et leurs flèches, se décorant du titre de chevaliers, — sans savoir alors qu’ils ne faisaient que répéter d’âge en âge une fête druidique, survivant aux monarchies et aux religions nouvelles. » Gérard, en se rappelant le cadre, s’était mis aussi à se souvenir de quelques portraits.