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GÉRARD DE NERVAL

s’en approcher, il avait songé à s’en éloigner. Le soir du jour où Meyerbeer avait rendu le libretto improvisé par lui, il était parti pour l’Allemagne.

L’Allemagne, c’est loin, l’Italie aussi ; mais on en revient — surtout quand on est sollicité à revenir par l’inextinguible désir de se repaître de la vue de sa chimère, au risque d’en mourir.

Les voyages n’avaient fait que mûrir la passion de Gérard au lieu de l’étouffer : le serpent qu’il croyait mort se remuait avec plus d’énergie dans son sein et le mordait plus cruellement que par le passé.

C’est alors que, pour échapper aux obsessions de cet amour charmant et funeste, dont il souffrait et dont il était heureux de souffrir, il sortit une nuit de son lit solitaire et se rendit tout d’une traite à la Fête du bouquet provincial de Loisy, dans le Valois, — le pays natal de son cœur. « Demain, les archers de Senlis doivent rendre le bouquet à ceux de Loisy. » Cette simple