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GÉRARD DE NERVAL

le charme de ses yeux noirs, si séduisants dès son enfance, était devenu irrésistible ; sous l’orbite arquée de ses sourcils, son sourire, éclairant tout à coup des traits réguliers et placides, avait quelque chose d’athénien. J’admirais cette physionomie digne de l’art antique au milieu des minois chiffonnés de ses compagnes. Ses mains délicatement allongées, ses bras qui avaient blanchi en s’arrondissant, la faisaient tout autre que je ne l’avais vue. »

Gérard avait projeté d’aller la surprendre de grand matin, et, pour cela faire, il était resté toute la nuit, jusqu’à l’aube, couché sur les touffes de bruyères roses d’une sente qui côtoyait la forêt d’Ermenonville. Au bout de cette sente était le village, — une vingtaine de chaumières dont les murs étaient ornés de festons de roses grimpantes et d’astragales de vigne en fleur. De robustes paysannes, coiffées de mouchoirs rouges, travaillaient déjà devant les fermes. Sylvie n’était point avec elles. Gérard avait été