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GÉRARD DE NERVAL

qui dit : « Il est bien gentil… C’est donc un blond !… — Il a de jolis cheveux fins, reprend Sylvie. — Cela ne dure pas, fait remarquer la tante ; mais vous avez du temps devant vous, et toi qui es brune, cela t’assortit bien. — Il faut le faire déjeuner, la tante. » — Et voilà la folle bonne fille qui s’en va furetant partout, dans les armoires, dans la huche, « trouvant du lait, du pain bis, du sucre, étalant sans trop de soin sur la table les assiettes et les plats de faïence émaillés de larges fleurs et de coqs au vif plumage. Une jatte en porcelaine de Creil, pleine de lait, où nagent des fraises, devient le centre du service, et, après avoir dépouillé le jardin de quelques poignées de cerises et de groseilles, Sylvie disposa deux vases de fleurs aux deux bouts de la nappe. »

Ce petit tableau, qu’on dirait peint par Miéris, ne vous donne-t-il pas appétit au cœur ? Est-ce que vous ne respirez pas en ce moment les saines émanations de poésie et de jeunesse qui s’en échappent ? Est-ce