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GÉRARD DE NERVAL

que vous ne donneriez pas beaucoup de mois et d’années pour entendre sonner seulement cette heure de calme félicité et de rustique bonheur ?

Mais la tante partie, écoutons-la : « Pour cela, ce n’est que du dessert, il faut me laisser faire à présent. » Elle a décroché la poêle et jeté un fagot dans la haute cheminée : « Je ne veux pas que tu touches à cela ! dit-elle à Sylvie, qui veut l’aider ; abîmer les jolis doigts qui font de la dentelle plus belle qu’à Chantilly ! Tu m’en as donné et je m’y connais. — Ah ! oui, la tante !… Dites donc, si vous en avez des morceaux de l’ancienne, cela me fera des modèles. — Eh bien ! va voir là-haut, dit la tante, il y en a peut-être dans la commode. — Donnez-moi les clefs. — Bah ! les tiroirs sont ouverts. — Ce n’est pas vrai, il y en a un qui est toujours fermé. » Et, profitant de ce que la bonne femme a les mains embarrassées par la poêle qu’elle est en train de passer au feu, Sylvie lui enlève des