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GÉRARD DE NERVAL

intitulé Sylvie. On le voit marcher, en souriant doucement, dans ce rêve étoilé de sa jeunesse, dans ces sentiers fleuris de ses souvenirs ; on le suit, entraîné par le charme, à travers les méandres capricieux de son esprit et les enjambées insensées de son cœur. Il semble que vous ayez couru, à sa place, le long de la Thève, et cueilli, pour la tante, les touffes de digitale pourprée ; ce n’est plus lui, c’est vous qui avez senti contre votre poitrine l’impression tiède du bras de Sylvie ; c’est avec vous qu’elle est montée dans la chambre, c’est devant vous qu’elle a fait tomber son humble robe d’indienne pour revêtir la coquette robe de taffetas flambé ; c’est avec vous, habillé en garde-chasse de la maison de Condé, qu’elle a descendu l’escalier de bois et s’est présentée inopinément devant la pauvre bonne vieille femme dont vous avez noté l’accent quand elle a murmuré à travers ses larmes et son sourire : « Ô mes enfants ! »

Et maintenant, faut-il tourner le dernier