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GÉRARD DE NERVAL

feuillet de cette histoire amoureuse, raconter le dénoûment de cette fraîche idylle dont la musique est si délicate et si suave ? Quand l’amoureux d’autrefois, à qui on avait promis tant de choses, revient pour prendre la place qu’il avait retenue dans le cœur de l’amoureuse, qui a oublié tant de choses, cette place est prise, — on ne le reconnaît presque plus. Il est vrai qu’il est bien vieilli, bien changé depuis deux ans ; mais Sylvie, qui est restée jeune, fraîche et jolie, est encore plus changée que lui…

Quoiqu’il fût parti en poste, Gérard arrivait trop tard : la paysanne allait le renvoyer à la comédienne.

Nous l’avons laissé dans son lit solitaire, — non pas le lit sculpté dans lequel avait couché Marguerite de Valois et qu’il destinait à une autre princesse, la Reine de Saba, — mais sur un lit quelconque, improvisé en quelque coin du vieux salon du Doyenné. Il avait voulu fuir le présent en se réfugiant dans le passé, et avait quitté