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GÉRARD DE NERVAL

elle. Elle m’écoutait sérieusement et me dit : — Vous ne m’aimez pas ! Vous attendez que je vous dise : La comédienne est la même que la religieuse ; vous cherchez un drame, voilà tout, et le dénoûment vous échappe, Allez, je ne vous crois plus !

« Cette parole fut un éclair. Ces enthousiasmes bizarres que j’avais ressentis si longtemps, ces rêves, ces pleurs, ces désespoirs et ces tendresses, ce n’étaient donc pas l’amour ? Mais où donc est-il ?

« Aurélie joua le soir à Senlis. Je crus m’apercevoir qu’elle avait un faible pour le régisseur, — le jeune premier ridé. Cet homme était d’un caractère excellent et lui avait rendu des services. Elle me dit un jour : Celui que j’aime, le voilà[1] !… »

  1. Marguerite, dite Jenny Colon, était née à Boulogne-sur-Mer, le 5 novembre 1808, d’une famille de comédiens obscurs dont elle devait illustrer le nom. En 1822, à quatorze ans, elle avait débuté au théâtre Feydeau dans un opéra comique de Dalayrac, les Deux petits Savoyards, et son succès avait été aussi complet