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GÉRARD DE NERVAL


    que celui de Léontine Fay plus tard. Le public aime les prodiges. En 1823, elle avait débuté au Vaudeville par un rôle plus sérieux, dans une pièce de Paul de Kock, la Laitière de Montfermeil, et avait obtenu le même succès. Le public parisien l’avait décidément adoptée. Le 27 octobre 1828, elle avait débuté aux Variétés dans la Semaine des Amours de Dumanoir, puis avait couru la province, et, finalement, était revenue à son berceau, l’Opéra-Comique, où elle était rentrée par le rôle de Sarah, dans la pièce de Grisar. Le grand opéra la tentait : elle avait été s’y essayer à Bruxelles, où elle avait joué le rôle de Marguerite des Huguenots, le 6 juin 1841. C’était la dernière fois qu’elle devait paraître sur un théâtre. Épuisée, malade, elle s’en venait mourir à Paris, un an après, le 5 juin 1842. En 1824, au printemps de sa vie et de ses succès, elle avait épousé Lafont, acteur du Vaudeville, devant le forgeron de Gretna-Green, — un jardinier plutôt qu’un forgeron, puisque ses chaînes sont des chaînes de fleurs que le temps flétrit et que brise la loi. Plus tard, mieux avisée, elle avait eu « un faible » pour un artiste de son théâtre et avait consenti à devenir sa femme. Mais, contraste singulier et bien fait pour réjouir le moraliste et le philosophe, c’était précisément le mariage qui devait être le plus caché qui avait été le plus su, et celui qui devait être le plus su qui avait été le plus caché… (A. D.)