Page:Delzant - Les Goncourt, 1889.djvu/120

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science et l’expérience de la vie moderne… Barousse… Dardouillet… l’abbé Blampoix… prêtre mondain qui ne soigne que les consciences comme il faut… Autant de caractères et de manies incarnées sous lesquelles on placerait un nom. »

Paul de Saint-Victor ne croyait pas si bien dire. Une tempête dans un verre d’eau allait s’élever au fond de la province. M. Émile Bosquet ayant publié, dans le Journal de Rouen, le 11 avril 1864, un compte rendu du livre qui venait de paraître dans l’Opinion nationale, avait fait allusion à l’abbé Blampoix et avait rapproché du type créé par les romanciers un fort honnête homme, nommé l’abbé Carron, dont Veuillot disait qu’il aurait toujours un peu de peine « à voir un curé à deux chevaux, surtout à Paris où il y a tant de voitures de place. » Le frère de M. l’abbé Carron saisit au bond l’occasion d’envoyer un panégyrique du mort au Journal de Rouen. MM. de Goncourt consentirent à fournir des explications curieuses parce qu’elles portent le poinçon d’une chose littéraire et qu’ils y marquent leur respect pour les individus.

Cette lettre parut le 1er mai 1864 dans l’Opinion nationale. Elle est adressée à son rédacteur en chef :

« Monsieur,

« À propos d’un roman auquel vous avez bien voulu accorder la publicité de votre journal, et qui vient de paraître à la librairie Charpentier, Renée Mauperin, un journal de province ayant représenté M. l’abbé Carron comme l’original d’un de nos personnages, de l’abbé Blampoix, M. Gabriel Carron, frère de feu l’abbé Carron, a cru devoir réclamer et protester contre cette allégation, auprès du journal et du rédacteur de l’article.

« Nous déclarons spontanément que nous n’avons point eu l’intention de faire un portrait. Nous répugnons aux personnalités et nous n’avons pas l’habitude d’attaquer les morts. Nous n’avons pas voulu désigner une individualité ; nous avons voulu peindre non un homme mais un type ;