Sous le coup de l’émotion, Paul de Saint-Victor qui, depuis quelque temps, était en froid avec les deux frères, écrivit la bonne lettre qu’on va lire :
J’apprends ce matin seulement le coup qui vous frappe. Il était imprévu pour moi et j’en reçois une secousse au cœur. Tous mes anciens souvenirs d’amitié se sont réveillés avec une vivacité douloureuse. Je prends à votre deuil une part intime et profonde.
Recevez, mon cher Edmond, aussi cordialement que je vous les envoie, mes sympathies affectueuses et croyez-moi bien
Et Paul de Saint-Victor fit suivre cette lettre, dans son journal, la Liberté, d’un portrait que nous avons déjà publié ailleurs[1], ainsi que la lettre de remercîments qu’elle lui valut, mais qui trouvent ici trop nécessairement leurs places pour qu’ils ne soient pas de nouveau cités.
« Jules de Goncourt est mort à trente-neuf ans, emporté par une de ces maladies mystérieuses qui frappent si souvent l’écrivain dans l’organe même du talent et de la pensée. Il est mort entre les bras du frère admirable qui, depuis son enfance, ne l’avait pas quitté un seul jour, dont l’affection virile et tendre mêlait le cœur
- ↑ Paul de Saint-Victor, 1 vol. in-18, éd. Calmann Lévy, 1886.