Aller au contenu

Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
chemin de fer du pacifique et manitoba

tisses portant leurs enfants renfermés et ficelés dans une grande poche qui leur sert de berceau, et qui est attachée à un support en bois. Cet appareil primitif se porte dans le dos comme une hotte.

Saint-Boniface est le siège d’un archevêché catholique. Fondé en 1847, l’évêché de Saint-Boniface fut d’abord occupé par Mgr Provencher dont Mgr Taché, le titulaire actuel, est le successeur immédiat, puis érigé en archevêché en 1871. Mgr Taché est un peu le père de tout ce qui existe au Manitoba. Lorsqu’il y vint pour la première fois, il y a plus de quarante ans, le pays était entièrement sauvage et à peu près inhabité. Ce fut lui qui le premier construisit des routes, créa des villages, bâtit des écoles tout en répandant les lumières de la religion parmi les Métis et les Sauvages. Aussi jouit-il dans le pays d’une influence et d’une autorité considérables que justifient amplement son expérience, ses hautes qualités, et l’affabilité de son caractère. Lors du premier soulèvement des Métis, le gouvernement canadien n’hésita pas à recourir à l’intervention de l’éminent prélat. Ce dernier se trouvait alors au concile œcuménique, à Rome ; il revint en toute hâte apporter des paroles de paix et eut le bonheur de les voir entendues. En 1885, lors du second soulèvement des Métis, il fut moins heureux auprès du gouvernement d’Ottawa. Si celui-ci avait suivi ses conseils dictés par une profonde connaissance du pays et des hommes, peut-être l’insurrection aurait-elle pu être prévenue. On eût évité ainsi l’effusion du sang, sans parler des dépenses considérables et de l’agitation qui en ont été la conséquence.

Non loin de la cathédrale, qui n’est encore qu’une modeste et pauvre église, mais qui, aux yeux des Canadiens-Français, a le mérite d’être la première église construite au Manitoba, s’élève le grand pensionnat de jeunes filles dirigé par les Sœurs grises qui ont des missions jusqu’au fin fond du Nord-Ouest. C’est un bel édifice admirablement tenu que nous visitons de fond en comble — l’expression n’est pas de trop, car, du toit à terrasse où nous montons se déroule un panorama des plus étendus. Avant de quitter l’établissement nous avons la surprise de trouver une centaine d’enfants massés dans le parloir où ils font entendre quelques couplets des chansons nationales. Rien de charmant et de touchant tout à la fois comme d’entendre ce chœur de voix fraîches et pures chantant avec une justesse et un entrain remarquables.