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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/122

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au canada et chez les peaux–rouges

Saint-Boniface possède aussi un collège fondé par Mgr Taché et dirigé depuis trois ans par les jésuites. C’est le seul établissement catholique d’enseignement supérieur du Manitoba et on y suit à la fois des cours classiques et commerciaux. Comme à l’école supérieure des filles, presque tous les élèves sont Canadiens-Français, il y a aussi quelques Métis et un jeune Sauvage de la tribu des Pieds-Noirs, dont la physionomie reflète l’intelligence en même temps que l’espièglerie. Sur notre proposition, le recteur demande aux élèves s’ils feraient opposition à un jour de congé. Personne ne répond, mais une salve d’applaudissements éclate sur tous les bancs.

Le système adopté pour l’enseignement public dans la confédération canadienne est celui de la liberté absolue sur la base des écoles séparées selon les cultes. L’instruction est ainsi une affaire exclusivement provinciale, ce qui explique l’absence d’un département de l’instruction publique dans le cabinet fédéral. Au Manitoba, l’enseignement public n’a pas de ministre dans le cabinet de la province, mais relève du secrétaire provincial. Au-dessous de lui se trouve le bureau d’éducation formé de deux sections, une catholique et une protestante, au prorata de la population par culte. Ce bureau, qui est le conseil supérieur de chaque province, est souverain pour les affaires d’instruction publique. Quand il s’agit d’affaires confessionnelles, ce n’est pas le conseil lui-même, mais la section du culte intéressé qui examine et tranche les questions qui lui sont soumises. Il y a en outre deux surintendants (un catholique et un protestant) indépendants l’un de l’autre comme les sections. Ce sont les agents exécutifs du bureau d’éducation. La province est divisée en arrondissements scolaires et chaque arrondissement a ses affaires d’instruction régies par trois commissaires élus par les contribuables assujettis à la taxe scolaire.

Les sommes nécessaires aux frais de l’instruction publique proviennent du budget provincial, du budget local et de la taxe scolaire. Ce système est assez ingénieux. Les crédits votés par l’Assemblée législative sont répartis par le gouvernement provincial entre les deux sections proportionnellement au nombre d’enfants en âge de fréquenter l’école, c’est-à-dire de 5 à 15 ans. Ces crédits sont distribués en deux fois. Chaque école fonctionnant depuis six mois au moins, reçoit une somme fixe de