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Page:Demanche - Au Canada et chez les Peaux-Rouges, 1890.djvu/135

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le manitoba et le nord–ouest

spécial pour l’arpentage, quelques arpenteurs, fort peu scrupuleux, en ont parsemé un peu partout dans l’étendue de leurs townships, à la grande surprise des émigrants, qui ne parvenaient pas à les découvrir. Mais ce sont là des déboires dont on ne se plaint pas trop en Amérique, car chacun prend vite l’habitude de se faire sa place.

Grâce aux encouragements prodigués aux colons par le gouvernement canadien, des milliers d’émigrants viennent chaque année s’établir au Manitoba et au Nord-Ouest. L’appoint principal est incontestablement fourni par la race anglo-saxonne, soit d’Europe, soit de la province d’Ontario. Viennent ensuite, mais à grande distance, les Canadiens-Français de la province de Québec et ceux qui, des États-Unis, rentrent dans leur patrie pour y reprendre la charrue, qu’ils avaient délaissée à tort. Quant aux Français de France, leur nombre est infime.

Mais, à côté des représentants des deux races rivales, on rencontre, depuis l’extension de la colonisation au Far-West, des colons de toutes nationalités : des Allemands (sans parler des Mennonites), des Islandais, des Hollandais, dont le groupe le plus important est près de Portage-la-Prairie, des Scandinaves, des Hongrois, dont la principale colonie a été établie par le comte Esterhazy, sur les bords de la rivière Qu’Appelle ; des Italiens, près de Broadwiew, etc.

Que deviennent ces diverses populations, destinées fatalement à être absorbées, et de quel côté cherchent-elles un appui ?

Lorsque la question de langue n’est pas en jeu, c’est la question de culte qui opère les rapprochements entre races. Ainsi les Hongrois et les Italiens, essentiellement catholiques font marcher leurs intérêts sous la bannière des Canadiens-Français vers lesquels ils se sentent attirés également par une sympathie instinctive. Mais les autres immigrants, presque exclusivement de religion protestante, font, généralement du moins, cause commune avec les Anglo-Saxons. Les Belges se rangent tout naturellement du côté français. Quant aux Irlandais, la question est complexe. Par leur langue ils sont portés à se fondre dans l’élément anglais ; mais par leur religion et par haine de l’orangisme, ils se rapprochent parfois de l’élément français avec lequel ils marchent en bien des comtés. C’est une question d’influence et de milieu. Mettez un Irlandais dans un milieu français où il puisse