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le manitoba et le nord–ouest

autre, sur les 160 acres qui touchent à son homestead, moyennant un prix de 10 à 15 fr. l’acre. Le concessionnaire d’un homestead est obligé d’en mettre en culture une partie déterminée ; il est tenu en outre d’y résider six mois de l’année et d’y construire dans le délai de trois ans une maison habitable. Ces conditions remplies, il devient propriétaire incontesté et incontestable du sol, sans avoir eu à payer autre chose à l’origine qu’un droit de 50 francs.

Ces dispositions ne sont applicables qu’aux terres appartenant au Dominion, car la Compagnie du chemin de fer du Pacifique a obtenu la concession, de chaque côté de la voie, d’une zone de terrain ayant une profondeur de 24 milles, et elle ne délivre pas de concession à titre gratuit.

Lorsqu’il a été procédé à cet immense arpentage, on a pris pour base le 49e parallèle qui sert de frontière entre les États-Unis et le Canada, et le méridien le plus rapproché à l’ouest d’Émerson. Et si on jette les yeux sur une carte un peu détaillée du Manitoba et du Nord-Ouest, toute la région cultivable se trouve être découpée en une infinité de petits carrés reproduits sur la carte et transforment celle-ci en un véritable damier.

Dans chaque township, les limites des sections et de leurs subdivisions sont marquées par des poteaux ; mais l’émigrant a parfois quelque peine à trouver sur le sol l’étendue de son homestead, ou de son carré de préemption. En effet, le premier concessionnaire dans un township recule parfois le poteau de délimitation un peu plus qu’il ne le devrait, en procédant au contre-arpentage de son terrain. Son voisin, qui ne veut pas avoir une étendue moindre de celle à laquelle il a droit, recule à son tour les poteaux en question, quand il ne les supprime pas. Il en résulte que, par suite des empiétements successifs qui se sont produits, ou des erreurs commises par les arpenteurs ou les intermédiaires vendeurs, les derniers acquéreurs ne se trouvent plus en présence que d’une bande de terrain d’une étendue dérisoire, et parfois, même, ne parviennent pas à découvrir sur le terrain le lot qui figure d’une façon très distincte sur le papier. Alors, ce ne sont que réclamations et procès sans fin. Dans certaines régions, les arpentages ont été faits si rapidement, que le contrôle n’a guère été possible. C’est ainsi, paraît-il, que, les petits lacs entrant en compte